Une initiative circulaire par des jeunes à Mombasa, utilisant des asticots de mouche
Alors que certains disent qu’ils «ne tueraient pas une mouche», d’autres – au Kenya par exemple – les mettent au travail. Rencontrez la mouche soldat noire (BSF par les siegles en anglais), un petit insecte avec une grande mission. Ses larves sont des vrais recycleurs naturels, dévorant les déchets organiques et les transformant en sous-produits précieux qui soutiennent des cycles alimentaires et agricoles durables.
Voici comment cela fonctionne : les larves de BSF se nourrissent de déchets organiques – pensez aux restes de nourriture domestique, aux déchets des marchés et aux résidus agricoles. En grandissant, elles produisent du ‘frass’, un engrais naturel qui améliore la santé des sols, augmente la rétention d’eau et booste les rendements agricoles. Parallèlement, les larves elles-mêmes deviennent une nourriture riche en protéines pour des animaux comme les poulets, les porcs ou les poissons, réduisant ainsi le besoin d’alternatives coûteuses et non durables pour l’alimentation animale. En compostant les déchets organiques, les systèmes BSF réduisent également les émissions de gaz à effet de serre provenant des décharges et diminuent la dépendance aux engrais synthétiques, qui nuisent aux sols.
Cette idée ingénieuse avec la BSF n’est pas vraiment «nouvelle, nouvelle». Des entreprises du monde entier exploitent déjà ces larves pour gérer les déchets et produire des aliments proteiques d’haute qualité pour animaux. Mais le potentiel supplémentaire de l’élevage de BSF repose sur sa simplicité et son accessibilité, car il nécessite un minimum de terres, de main-d’œuvre et de ressources. Il crée ainsi des opportunités de génération de revenus particulièrement adaptées aux petits agriculteurs et aux communautés vulnérables, notamment les femmes et les jeunes qui manquent souvent d’accès à la terre et au capital. Ces petits soldats insectes peuvent donc être une pièce maîtresse de processus d’économie circulaire socialement et écologiquement durables.
Cela semble également être la conviction des jeunes promoteurs du Projet Mila à Mombasa (qui signifie « culture » en swahili). Cette initiative communautaire collecte les déchets organiques des ménages, des marchés et des restaurants, les donnant à manger aux larves voraces de BSF. Des rues plus propres et moins de déchets dans les décharges, oui. Mais le projet ne se limite pas à la gestion des déchets ; il vise à être une solution holistique répondant à de multiples défis. Rendre le frass accessible aux petits agriculteurs de Mombasa les aide à diversifier leurs cultures, à augmenter leurs revenus en améliorant la fertilité de leurs sols et à réduire leur dépendance aux engrais chimiques. Cela a, à son tour, un impact sur les pêcheurs locaux, qui constatent des prises améliorées dans des écosystèmes marins plus sains, car l’utilisation du frass réduit les résidus d’engrais synthétiques qui s’écoulent dans les eaux côtières. Le Projet Mila utilise également le frass pour nourrir des plants de mangrove, qui sont ensuite plantés, en partenariat avec des agences environnementales locales, dans des zones dégradées le long du littoral de Mombasa. À l’avenir, le projet prévoit de produire des briquettes à partir du frass, offrant une alternative écologique au charbon de bois pour les communautés qui dépendaient autrefois du bois de mangrove comme combustible.
Avec une régulation appropriée pour surmonter les risques d’infections dans la production de larves, l’élevage de BSF a le potentiel de devenir une pratique transformative de gestion des déchets et de production de protéines. Son modèle à faible utilisation de ressources fonctionne particulièrement bien dans les climats tempérés, et des projets similaires prospèrent déjà partout au Kenya et dans d’autres pays du monde. Pour un guide étape par étape, consultez ce manuel de formation sur l’élevage de BSF pour l’alimentation animale et les biofertilisants.
Crédit photo : Cgiar.org/