Une école adaptée au climat au Burkina Faso, pour et par la communauté

« Vous cassez, vous réparez ». Dans les magasins de détail, cela semble être du bon sens (ainsi qu’une source d’anxiété si l’on y est avec des tout-petits). Mais cette logique est rarement appliquée aux responsabilités pour le changement climatique. On pourrait supposer que les plus grands pollueurs – historiquement les pays les plus riches – s’engageraient à «réparer» la situation en soutenant le financement de la rèponse au climat pour les régions les plus affectées — celles qui sont aussi les plus vulnérables et qui ont le moins contribué au problème. Malheureusement, cet objectif reste largement non atteint, comme en témoignent les récents manquements de la COP29. En plus de cela, le fardeau inégal du changement climatique crée un cercle vicieux : ceux qui en sont les plus vulnérables peinent à s’adapter, ce qui aggrave à son tour leur vulnérabilité.

Cela est particulièrement évident dans des pays africains comme le Burkina Faso. Situé dans le Sahel, son climat aride le rend hautement susceptible à la dégradation environnementale. En même temps, ses ressources limitées — financières, matérielles et infrastructurelles — laissent peu de place pour des efforts d’atténuation du climat à grande échelle. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le Burkina Faso était classé 185e sur 193 pays dans l’Indice de Développement Humain en 2022, avec plus des trois-quarts de sa population n’ayant pas accès à l’électricité. Mais il y a toujours un autre côté de la médaille: dans les communautés vulnérables, des solutions collectives et coopératives peuvent offrir le chemin le plus viable — et souvent le seul — vers l’avenir, aussi petit soit-il. Un exemple remarquable est le travail de l’architecte burkinabé Diébédo Francis Kéré, qui a été un pionnier des solutions de construction adaptées au climat, dirigées pour et par la communauté. Grâce au soutien collectif dans son village, Kéré a obtenu une bourse pour étudier en Allemagne. Par la suite, il est retourné dans son pays natal pour développer des bâtiments abordables, adaptés au climat, fusionnant savoir traditionnel et matériaux locaux avec des techniques modernes. Son projet le plus célèbre, l’école primaire de Gando construite en 2001 par l’ensemble du village avec des briques d’argile, a récemment été reconnue comme l’une des œuvres architecturales les plus significatives du 21e siècle. L’école dispose d’un toit métallique surélevé, inspiré de l’architecture vernaculaire du Golfe Persique, conçu pour optimiser le flux d’air et réduire les températures intérieures. Cela permet un refroidissement naturel dans un pays où les températures estivales dépassent souvent les 40°C et, très important, élimine le besoin de climatisation. Un espace d’apprentissage bien ventilé et confortable a eu des importants impacts sociaux: améliorer la capacité des élèves à se concentrer, et favoriser un lieu de rassemblement pour l’engagement des jeunes dans une région avec un accès limité à l’électricité et aux ressources éducatives.

Le travail ultérieur de Kéré lui a permis de devenir le premier recevant noir du prestigieux Prix Pritzker d’Architecture en 2022, démontrant que la conception durable est à la fois écologique et socialement valorisante. Cela s’aligne avec la vision de Fab City, où la technologie sert d’outil à la fois pour la tradition et l’innovation, et où les communautés conservent un pouvoir sur leur environnement bâti. Et aussi, une vision où personne ne « casse » plus rien.

Crédit photo : Erik-Jan Ouwerkerk