Restauration communautaire des sols au Niger, dans le cadre de la Grande Muraille Verte

Prenant un peu de recul des villes, intéressons-nous à la Grande Muraille Verte (GMV). Cette initiative panafricaine, lancée il y a près de 20 ans pour lutter contre la désertification et promouvoir le développement socio-économique, s’étend du Sénégal et de la Mauritanie à l’ouest, à travers le Sahel, jusqu’à l’Érythrée et l’Éthiopie à l’est. Le projet s’est fixé des objectifs ambitieux: restaurer 100 millions d’hectares, capturer 250 millions de tonnes de carbone et créer 10 millions d’emplois verts d’ici 2030— qui approche rapidement! Des progrès partiels ont été réalisés malgré des défis liés à la gouvernance et au manque de financement, en particulier dans les régions politiquement les plus instables – et vulnérables. Bien que la GMV soit mise en œuvre par des milliers de personnes ordinaires, certains la critiquent pour être réduite à un simple effort de plantation d’arbres, manquant d’une approche plus holistique et participative. Prendre vraiment en compte les contextes locaux serait crucial pour assurer le succès à long terme de cette initiative panafricaine et diversifiée.

Identifier des « bonnes pratiques de la GMV»  s’est avéré difficile (du moins pour moi !), mais en creusant un peu, on peut déduire que plusieurs efforts de reforestation ayant intégré la localisation ont rencontré du succès. Au Niger, l’ANLC—une association anti-corruption—a amélioré la supervision de l’initiative GMV grâce à des unités de participation citoyenne et des observatoires climatiques municipaux. Ces unités impliquent divers groupes—comme des organisations de jeunes et de femmes—dans le suivi des projets climatiques et la transmission de rapports aux observatoires composés d’élus locaux et de représentants citoyens. Ils formulent ensuite des recommandations pour aligner les projets sur les besoins des communautés. Dans la région de Maradi, par exemple, la priorité donnée au pastoralisme plutôt qu’à l’agriculture a permis de soutenir efficacement les moyens de subsistance locaux. Toujours au Niger, dans la commune urbaine de Kollo, une restauration communautaire menée par la FAO en partenariat avec la population locale a transformé des paysages dégradés. Les habitants ont appris des techniques telles que la création de demi-lunes dans le sol pour retenir l’eau et la plantation d’arbres tels que les baobabs, les acacias et les jujubiers. Depuis 2018, plus de 213 hectares ont été restaurés, impliquant 1500 membres de la communauté et générant 66000 USD de revenus. Les bénéfices des terres restaurées, issus de ressources comme les aliments, le fourrage, le bois et la faune accrue, sont répartis équitablement entre la mairie, l’entretien du site, le comité de gestion et la communauté. Cette transparence a favorisé la participation, augmenté les revenus et garanti la durabilité grâce à des formations pour un entretien à long terme.

Bien que la réalisation complète des objectifs de la Grande Muraille Verte reste incertaine, elle a jusqu’à présent permis de cadrer à la fois des initiatives locales réussies, comme celles du Niger, et des visions plus larges telles que la Grande Muraille Verte pour les Villes, qui vise à construire et à maintenir des forêts près de 90 villes à travers l’Afrique et l’Asie centrale—et ce, encore une fois, d’ici 2030 (soit, pratiquement demain!).

Image: https://www.fao.org/images/newsroomlibraries/stories-images/e4b72dec39085d20464012df30bdb4fa.jpg?sfvrsn=d633f661_10
Techniques, such as making half-moons in the soil to retain rainwater, have helped bring back vegetation and wildlife.
Credit: ©Artisan Prod. published by the FAO.
Image: https://www.undp.org/sites/g/files/zskgke326/files/2023-01/Great%20green%20wall%202.jpg
Senegalese villagers working in a tree nursery forming part of the Great Green Wall.
Credit: FAO/Benedicte Kurzen/NOOR,published by the UNDP