La ville, seule solution durable
À première vue, cela pourrait sembler paradoxal, mais selon des preuves de plus en plus nombreuses, la vie en ville serait plus durable que la vie en campagne. Hélène Chartier va plus loin en soutenant qu’un mode de vie durable n’est « pas viable en dehors des villes ». Interrogée après la publication du dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), Chartier déclare que « les villes sont le seul moyen durable d’héberger la population croissante de notre planète, mais l’importance de les protéger des risques climatiques a été totalement sous-estimée ».
« Le rapport démontre que les villes jouent un rôle primordial dans la lutte contre le réchauffement climatique » a déclaré Chartier. « À la campagne, les gens dépendent des voitures et vivent dans des bâtiments plus grands et moins efficaces pour le chauffage et l’électricité. » […]
Les zones urbaines, en revanche, offrent la possibilité de desservir une grande partie de la population avec des transports publics décarbonés, des pistes cyclables et des systèmes durables de gestion de l’énergie, de l’eau et des déchets.
Évidemment, les villes d’aujourd’hui doivent évoluer pour réaliser leur plein potentiel climatique. Décarbonée, plus verte, plus compacte et plus résistante aux impacts désastreux du réchauffement climatique.
Les bâtiments représentent environ la moitié de l’empreinte carbone d’une ville. La solution consiste donc à éliminer les émissions liées au chauffage et à la consommation d’énergie, ainsi que les émissions indirectes des matériaux et de la construction.
Ce n’est pas une proposition facile, mais les solutions pour y parvenir sont connues et en cours de développement dans certaines villes. Parmi les directions suggérées sont les limites de croissance imposées par le gouvernement pour limiter l’étalement ainsi que la planification polycentrique pour des « villes 15 minutes » afin de privilégier la marche et le vélo.
Il faut aussi rendre obligatoire l’évaluation des risques climatiques et des dangers auxquels tout chantier de construction pourrait être exposé, dans divers scénarios, avant que la construction ne soit autorisée.
« La construction dans les zones vulnérables telles que les plaines inondables et les rivages devrait être interdite ou limitée » a déclaré Chartier. « Tout nouveau bâtiment devrait intégrer de la verdure ainsi que des systèmes de refroidissement passif et de conception bioclimatique pour protéger les habitants des vagues de chaleur sans avoir besoin de climatisation. »
Les villes doivent devenir plus vertes, non seulement dans le sens d’impact environnemental, mais littéralement plus vertes. Les espaces verts et les sols perméables devraient être obligatoires pour chaque nouveau projet, et nous devrions voir plus d’espaces verts sur les toits.
Lorsque les villes sont construites ou réorganisées de cette manière, elles sont non seulement plus durables et résilientes, mais beaucoup plus vivables et agréables au quotidien.
Image: Piazzale Loreto à Milan, un des projets lauréats du concours Reinventing Cities by C40 Cities.