La production alimentaire dans une ville planétaire
SPIN Unit est un cabinet de recherche et d’innovation dédié à la découverte des valeurs urbaines. Dans cet article, ils discutent des défis de la production alimentaire dans une ville planétaire. Dans ce cas, le terme « ville planétaire » fait référence à une ville qui vit selon le « régime alimentaire planétaire », qui permettrait de respecter l’objectif de 1,5 degré fixé dans l’accord de Paris, c’est-à-dire beaucoup moins de viande et de produits laitiers, et un accent beaucoup plus important sur les fruits, les légumes et les protéines végétales. L’objectif du projet était d’examiner les différents défis auxquels est confrontée la chaîne d’approvisionnement alimentaire dans un contexte de changement climatique et d’effritement des écosystèmes.
Ces chaînes d’approvisionnement alimentaire sont arrivées à leur état actuel, à leur longueur actuelle, au fil des décennies, voire des siècles, à travers toutes sortes de processus politiques, sociaux, culturels et économiques, et portent avec elles toute une série de fardeaux : des relations vagues entre producteurs et consommateurs, et une foule d’externalités environnementales négatives, entre autres […]
On estime que 2,5 milliards de personnes, réparties dans plus de 1 600 villes, vivent dans un pays où l’on s’attend à une baisse d’au moins 10 % de la production de maïs, de riz, de soja et de blé (les cultures les plus produites et les plus consommées au monde) d’ici 2050. […]
Dans ce scénario futur, les quatre piliers de la sécurité alimentaire – disponibilité, accessibilité, utilisation et stabilité – seront difficiles à maintenir : la diminution des rendements rendra la nourriture moins disponible, ce qui augmentera les prix de la nourriture, la rendant moins accessible, et ces trajectoires se produiront à des taux sans précédent, rendant la pleine utilisation et la stabilité moins banale.
L’hypothèse est qu’une chaîne alimentaire raccourcie, axée sur la production locale et la circularité, serait plus résiliente et moins polluante. L’article cite la stratégie Farm to Fork de l’European Green Deal et les initiatives de la ville de Tallinn pour encourager le jardinage urbain et réduire la consommation de protéines animales. Il suggère également que les villes investissent dans l’agriculture urbaine et récupèrent l’espace des infrastructures obsolètes pour créer des entreprises qui valorisent les avantages d’une économie circulaire.
L’article explique en détail comment ils ont cartographié Tallinn et les changements potentiels de son paysage pour trouver plus de terres de culture alimentaire, en tenant compte du changement de régime alimentaire mentionné ci-dessus, et combien de terres totales seraient nécessaires.
Contrairement à ce que l’on peut lire un peu partout, ils arrivent à la conclusion qu’il est impossible pour Tallinn d’atteindre un tel objectif. Ce qui n’est pas surprenant, puisqu’ils ne s’intéressaient pas à une ville avec une chaîne alimentaire courte au niveau régional ou national, mais à une chaîne alimentaire urbaine qui pourrait être autonome. Néanmoins, cet exercice quelque peu extrême a prouvé qu’il y a encore beaucoup à faire dans les villes pour augmenter considérablement le volume de nourriture qui peut être produit de manière hyperlocale.
La leçon de ces projets, et de bien d’autres, n’est pas que tout peut être local, mais plutôt que tout peut être repensé pour répondre aux nouveaux impératifs climatiques et à la catastrophe de la biodiversité. Il s’agit de trouver un nouvel équilibre qui atténue (beaucoup) les habitudes d’extraction et trouve des voies vers un équilibre stable avec la nature.
Image: Les jardins communautaires de Tallinn par Artjom Kutuzov.