La ferme “Soul Fire”

À première vue, on pourrait se demander ce qu’une ferme située à 40 minutes d’Albany, NY, a à voir avec nos deux conférences au cœur du mouvement de transformation économique et sociale des villes. Mais en fait, c’est tout à fait logique. Pour commencer, les centres urbains et leur environnement sont interdépendants, imbriqués les uns dans les autres. Ensuite, la ferme Soul Fire elle-même est située en dehors de la ville, mais elle y est complètement liée, car sa mission est née des besoins et des rêves de sa communauté urbaine.

Soul Fire Farm est une ferme communautaire à vocation Afro-Indigènes qui s’engage à éliminer le racisme et à favoriser la souveraineté du système alimentaire. Nous élevons et distribuons des aliments qui nourissent la vie, afin de mettre fin à la discrimination alimentaire. Avec une profonde considération pour la terre et la sagesse de nos ancêtres, nous travaillons pour réclamer notre droit collectif d’appartenir à la terre et d’avoir un rôle dans le système alimentaire. Nous réunissons diverses communautés sur cette terre de guérison pour partager des compétences en matière d’agriculture durable, de construction naturelle, d’activisme spirituel, de santé et de justice environnementale. Nous formons la prochaine génération de fermiers activistes et renforçons les mouvements pour la souveraineté alimentaire et l’autodétermination des communautés.

L’exploitation est située sur une propriété à flanc de montagne dont le sol est pauvre et rocheux, mais l’équipe s’est efforcée de régénérer le sol et, au cours des dix dernières années, a triplé la profondeur de la couche arable grâce au paillage, au compostage, à la construction de lits surélevés et à l’intégration d’animaux. Tout sur le site est axé sur la nature : 50 000 tonnes de carbone ont été séquestrées, les bâtiments sont construits avec du bois provenant d’un rayon de 30 km, les maisons sont faites de bottes de paille pour l’isolation et orientées au sud pour une lumière optimale. Ils font également revenir des espèces indigènes et en plantent d’autres qui se soutiennent mutuellement, grâce à des cultures intercalaires. (Vous pouvez en savoir plus sur toutes leurs pratiques sur leur site web.)

Tea Making

Il ne s’agit pas seulement de l’agriculture, mais aussi de la façon dont les travailleurs sont payés, de la destination des produits, de leur usage et de leur prix.

Tout ce que nous récoltons de la terre, nous le distribuons par le biais de notre programme de partage solidaire, qui est notre façon de faire parvenir la nourriture que nous cultivons aux personnes de notre communauté qui en ont le plus besoin, parce qu’elles vivent dans des conditions de discrimination alimentaire, qui sont des rescapés de la répression de masse ainsi que des nouveaux Américains et des réfugiés. […]

Une entreprise viable qui prend soin de ses travailleurs et fait preuve de pratiques de travail équitables ; qui est généreuse envers sa communauté ; et qui est capable de créer un système où ceux qui ont moins de moyens financiers mais qui le souhaitent peuvent manger des aliments sains et nutritifs. Et ce système est subventionné par les membres de la communauté qui sont en mesure de payer plus que le taux du marché afin que tout le monde puisse se nourrir.
Ferme Soul Fire : Une petite ferme avec une mission radicale de justice raciale

Une composante importante de la philosophie du projet consiste à renommer les « déserts alimentaires » en « apartheid alimentaire », car si le premier est un écosystème naturel, la situation à laquelle sont confrontées ces populations principalement noires, brunes et indigènes fait partie d’un « système construit par l’homme qui permet à certains d’avoir accès à de nombreuses options d’aliments frais abordables, et à d’autres très, très peu ».

Étant donné que ces zones sont également celles qui font l’objet d’un contrôle policier excessif, Soul Fire s’est associé au tribunal d’Albany pour que les jeunes condamnés puissent passer du temps à la ferme et vivre une expérience enrichissante, au lieu de faire des travaux d’intérêt général.

En d’autres termes, il s’agit d’un projet, d’une mission et d’une communauté vraiment fantastiques qui mêlent apprentissage, connaissances ancestrales, respect de la nature et travail important sur les inégalités systémiques.