Amplifier les innovations frugales
Vous avez sans doute aperçu certains de ces sujets de temps à autre au cours des dernières années : un mouvement visant à donner simplement de l’argent aux personnes dans le besoin au lieu de concevoir des programmes complexes et de passer par des ONG ; l’innovation frugale et le Jugaad (« un mot familier en Inde, qui fait référence à une innovation non conventionnelle et frugale, souvent appelée « hack » ») comme source d’inspiration pour le DIY occidental ; redonner aux gens leur autonomie, leur pouvoir d’action.
Ce sont toutes ces idées qui me sont venues à l’esprit en lisant les innovations frugales visant à accélérer le développement durable au sein des Accelerator Labs du PNUD (Programme des Nations unies pour le développement). Ils ont réalisé que de nombreuses innovations dignes d’intérêt et parfaitement adaptées se produisent dans divers pays, ils ont décidé de les soutenir afin que « nous continuions à voir ces innovations de base émerger et à reconnaître leur valeur. » Et ils ont commencé à explorer comment leur organisation peut « commencer à intégrer ce qui se passe dans les marges ». Voici un peu plus de détails sur la façon dont ils voient l’innovation frugale :
Omar Vazquez, qui a développé les « Sargablocks », un bloc de construction fabriqué à partir d’algues et de matériaux organiques, maintenant utilisé pour construire des maisons sur la Riviera Maya au Mexique. […] Les innovations de la base sont souvent des solutions maison qui n’ont jamais été codifiées, appliquées ailleurs ou mises à l’échelle. Ces solutions personnalisées sont naturellement frugales, ancrées dans un contexte spécifique, et peuvent être plus pertinentes, étant donné leur proximité avec la problématique.
Ce type d’invention a même été étudié et comparé aux concours d’innovation et s’en est sorti avec brio.
Différentes études et expériences ont comparé les deux approches et ont conclu que les solutions d’innovation dirigées par l’utilisateur obtiennent des résultats nettement supérieurs en termes de qualité globale, de valeur d’usage, de faisabilité, de degré d’élaboration et d’impact social. […]
Et contrairement aux solutions issues des concours d’innovation, ces innovations menées par les utilisateurs sont plus pertinentes, permettent une amélioration continue et apportent généralement des solutions plus originales.
C’est pourquoi ils ont décidé de mettre en place leurs Accelerator Labs avec une équipe de 92 cartographes de solutions pour trouver, documenter, puis soutenir et faire connaître ces inventeurs afin que leurs inventions frugales puissent être reproduites ailleurs. Ils appellent leurs inventeurs des dévieurs positifs, « des femmes et des hommes dont les comportements ou les stratégies peu communs mais réussis leur permettent de trouver de meilleures solutions à un problème que leurs pairs, bien qu’ils soient confrontés à des défis similaires et ne disposent pas de ressources supplémentaires ».
Le réseau, aujourd’hui étendu à 92 Accelerator Labs répartis dans 116 pays, apprend et puise dans les connaissances, les perceptions et les pratiques distribuées des femmes et des hommes confrontés aux effets du changement climatique, qui vivent dans la pauvreté et qui ont beaucoup à apporter pour engager la planète sur une voie plus durable. […]
Ce que nous constatons, c’est que lorsque les innovations naissent d’expériences sur le terrain, ces solutions locales ont tendance à être uniques, créatives, et ouvrent un espace de solutions plus large de possibilités.
En identifiant et en aidant à la diffusion des innovations locales, les Labos espèrent que, même si chaque invention est petite, elle peut avoir un impact énorme sur le progrès et la réalisation des objectifs de développement.