À propos des smart cities, des cartes et des fruits
Cartographier et collecter des données pour des villes durables et résilientes n’est pas forcément synonyme de ‘smart’. Selon sa définition Wikipedia, une smart city ou ville intelligente est une « zone urbaine technologiquement moderne qui utilise différentes méthodes électroniques et capteurs pour collecter des données spécifiques ». Pourtant, au-delà de la high-tech, une approche basée sur les ressources locales et la communauté peut déjà aider. En ce sens, plusieurs villes suédoises ont mis en place l’initiative Smarta Kartan. Bien que le nom signifie littéralement « la Carte Smart », l’ensemble est plutôt basé sur le partage et la participation que sur la technologie de pointe. Né de la collaboration entre l’OBNL Kollaborativ Ekonomi Sverige (alors Göteborg) et la ville de Göteborg, le projet comprend désormais aussi les municipalités de Gävle, Karlstad, Malmö, Stockholm et Umeå. L’idée derrière ces plateformes est de faciliter la recherche et la participation des habitants locaux à des initiatives de partage dans leurs villes. Sont ainsi encouragés le développement communautaire et une vision d’accès aux biens (au lieu de la propriété), pour une consommation durable. Sur les cartes, on peut trouver des moyens de louer, d’échanger, d’emprunter, de donner et de recevoir, entre autres, dans des « cuisines » à vélo (ateliers communautaires), des groupes d’échange, des bureaux ouverts, des covoiturages, des points de prêt et diverses plateformes numériques.
Parmi ces dernières se trouve encore une autre carte : Fruktkartan (La carte des fruits). En tant que base de données ouverte des arbres fruitiers sur les espaces publics et les parcs, n’importe qui peut facilement ajouter l’emplacement de nouveaux arbres. De plus, les informations sont librement disponibles pour l’usage d’autres sites et applications. Fruktkartan couvre principalement des zones urbaines suédoises, notamment à Stockholm, Malmö et Göteborg, où l’on peut récolter des poires, des pommes, des prunes, des châtaignes ou des fraises, entre autres fruits et noix. Mais si jamais vous avez envie d’un fruit frais près du cercle polaire, quelques arbres y sont également cartographiés. De même, Hackney Harvest affiche également une carte des arbres fruitiers dans cet arrondissement de Londres. Bien que l’organisation derrière semble désormais inactive, ils semblent avoir fait un pas de plus en collectant et en transformant activement les fruits – en collaboration avec des propriétaires privés également – et en organisant des événements éducatifs et de cuisine populaire avec la récolte. De l’autre côté de l’Atlantic, à Los Angeles, le duo d’artistes Fallen Fruit organise depuis près de vingt ans des Public Fruit Jams. Habituellement organisés dans une galerie ou un musée, lors de ces événements, tout le monde est invité à venir avec des fruits cultivés au jardin ou cueillis dans la rue, et à faire ensemble de la confiture « expérimentale» (toujours comestible). En parallèle, ils hébergent la plateforme Endless Orchard, encourageant la plantation et la cartographie d’arbres fruitiers devant les maisons, les entreprises, les écoles ou les centres communautaires.
Sans carte de fruits, mais avec une vision similaire de construction communautaire autour de la récolte urbaine, Solon dans l’arrondissement Rosemont de Montréal vise à développer un réseau d’entraide en agriculture urbaine. Il met en relation des habitants à la recherche d’arbres à récolter et des terrains cultivables près de chez eux, avec leurs voisins qui possèdent des terres et recherchent quelqu’un pour les cultiver. N’est-ce pas ‘smart’?
Image: Screenshot from Fallen Fruits website https://fallenfruit.org/projects/public-fruit-maps/ (26.04.2023)