Le mouvement Fab City, porté par une vision inclusive, durable et circulaire, se trouve aujourd’hui confronté à une dynamique politique américaine qui menace directement ses fondements. Depuis son retour à la présidence en janvier 2025, Donald Trump a engagé une série de mesures qui affaiblissent les initiatives en faveur du climat, de la biodiversité et des innovations sociales portées par le mouvement Fab City.

La suppression du National Nature Assessment et la censure des contenus liés au climat sur les sites gouvernementaux traduisent une volonté de nier l’urgence environnementale. Or, les Fab City prônent une approche expérimentale et holistique, indispensable pour répondre aux défis du dérèglement climatique et promouvoir une production biorégionale plus respectueuse des écosystèmes. En occultant ces enjeux, l’administration Trump fragilise les efforts de relocalisation et d’autonomie énergétique auxquels aspirent les Fab Labs et les villes engagées dans la démarche Fab City.

Par ailleurs, les mesures protectionnistes, comme les droits de douane massifs visant le Canada, le Mexique et les membres du bloc des BRICS, risquent d’entraver les chaînes d’approvisionnement de matériaux et d’équipements essentiels aux projets Fab Labs. Ces barrières commerciales compliquent l’accès aux outils nécessaires pour les initiatives locales de fabrication numérique et les efforts d’innovation collaborative à l’échelle internationale.

Pourtant, ces temps troublés pourraient offrir des opportunités. Face au repli politique sur les industries du passé et au rejet des normes environnementales, les acteurs du mouvement Fab City peuvent jouer un rôle clé en incarnant une alternative constructive et ancrée dans les besoins réels des territoires. En développant des solutions basées sur les circuits courts, l’économie circulaire et les technologies open-source, les Fab City peuvent réaffirmer leur pertinence.

L’accent mis sur la production distribuée, les énergies renouvelables et la capacité d’innovation citoyenne s’inscrit parfaitement dans la volonté de renforcer l’autonomie locale. La biorégion, comme réponse adaptée aux enjeux du XXIe siècle, pourrait devenir un outil stratégique face à la centralisation et à l’instrumentalisation politique des ressources naturelles.

Les Fab Labs, en tant qu’espaces de créativité et de démocratisation technologique, peuvent soutenir ces dynamiques en éduquant les citoyens et en multipliant les solutions innovantes à l’échelle locale. L’objectif n’est pas seulement de résister aux politiques hostiles, mais d’offrir un modèle durable, inclusif et participatif qui répond concrètement aux besoins des citoyens.

Dans ce contexte incertain, la force du mouvement Fab City réside dans sa capacité à réunir acteurs communautaires, institutions et entreprises engagées dans la transition écologique et sociale. L’élan amorcé lors du Campus Fab City Montréal et la poursuite des initiatives en faveur du biorégionalisme seront essentiels pour préserver les valeurs fondamentales du mouvement. Plus que jamais, le moment est venu de renforcer les solidarités locales et internationales afin de construire un avenir plus juste et plus soutenable.