« La naturaleza es sabia », dit un proverbe espagnol, qui nous rappelle que «la nature fait bien les choses» – même si, soyons honnêtes, nous avons tendance à l’oublier (comment expliquer autrement notre propension à bétonner chaque centimètre de terre, pour ensuite regretter l’ombre des arbres?). Pourtant, une voie prometteuse s’ouvre avec l’intérêt croissant, depuis la fin des années 2000, des scientifiques et les praticiens pour ce qu’ils appellent les solutions fondées sur la nature (SfN). Elles étaient initialement proposées pour répondre aux effets du changement climatique en travaillant avec les écosystèmes naturels plutôt qu’en se reposant uniquement sur des interventions d’ingénierie. Aujourd’hui, les villes s’intéressent de plus en plus aux SfN pour renforcer leur résilience urbaine tout en créant des environnements plus sains.

Co-créer la régénération urbaine
GreenInCities, une initiative financée par l’UE lancée en juin 2024, explore les SfN pour la régénération urbaine à travers le prisme de la durabilité et de la co-création. Ce projet rassemble un consortium mixte d’environ trente partenaires, dont des municipalités diverses comme Cork, Prato, Helsinki, Nova Gorica et Athènes, ainsi que des acteurs de l’écosystème mondial Fab Lab, tels que la Fab City Foundation, Fab Lab Reykjavik et l’Institut d’Architecture Avancée de Catalogne à Barcelone. Ces partenaires associent des SfN basées sur les données à des technologies innovantes pour une planification participative et collaborative, guidées par les principes du Nouveau Bauhaus Européen – une initiative politique pour la transition verte des environnements bâtis, mêlant durabilité, design et esthétique (‘beautiful, sustainable, together’, selon son slogan). L’objectif ? Concevoir, tester et evaluer collectivement des méthodologies menant à des outils et solutions pour une régénération urbaine holistique – prenant en compte à la fois le bien-être humain et non humain – dans des zones défavorisées.

Outils et solutions pour la transformation
Le projet a développé une Sustainable Renaturing Toolbox, couvrant des aspects allant de l’évaluation des risques de vagues de chaleur à l’activation d’initiatives de science citoyenne. Parmi les exemples figurent la cartographie des habitats pour classer la biodiversité urbaine ou les promenades immersives pour évaluer les perceptions des habitants sur leur environnement. GreenInCities propose également un catalogue de SfN mises en œuvre dans des espaces publics et des bâtiments. Pour l’instant on y trouve, entre autres, des petites serres éducatives, des aires de jeux écologiques fabriquées avec des matériaux recyclés ou des jardins alimentaires verticaux utilisant la fabrication numérique. D’autres initiatives, comme les bains de forêt ou les cuisines communautaires, visent à reconnecter les gens avec la nature tout en renforçant les liens sociaux.

Ce n’est bien sûr pas le premier projet sur les SfN en milieu urbain, mais il comporte quelques éléments distinctifs qui méritent l’attention. L’un d’eux est son approche proche des cadres « Une seule santé » ou « Santé planétaire », qui mettent en avant l’interconnexion entre le bien-être environnemental et humain, reconnaissant que ce qui est bénéfique pour la planète l’est aussi pour ses habitants, et vice versa. Cette valeur centrale se reflète dans des outils comme l’atelier Animal-Oriented Design, qui aide à intégrer les besoins non humains dans la planification urbaine. Un autre point important réside dans l’équilibre volontaire entre les considérations sociales et l’accent mis sur la technologie. Des SfN pilotées par les données et les méthodes numériques ? Absolument – mais aussi par la gouvernance et l’inclusion. Par exemple, la catégorie “Horizontal Support Systems” inclut des solutions comme les monnaies sociales ou des notions de priorisation de l’intérêt public sur l’intérêt privé.

Pour en savoir plus sur le projet, il y a des ressources ouvertes, telles que le GreenInCities Values and Ethics Handbook. Et rappelez-vous, « la naturaleza es sabia » – mais… (à lire avec ma « voix de maman agacée »), si seulement nous écoutions vraiment !