Cour d’école adaptée au climat en Ontario : elle agit comme une éponge

Quand nous pensons aux propriétaires fonciers des villes, nos esprits (ou le mien, en tout cas) s’imaginent souvent des fonds d’investissement immobiliers prédateurs et des hommes d’affaires en costume noir, avaricieux, profitant de la gentrification. Bien que les liens entre ces investissements privés et la crise du logement soient depuis longtemps documentés, nous (ou moi) ne devons pas oublier que les entités gouvernementales possèdent généralement de vastes espaces urbains pour les infrastructures publiques, les parcs et les bâtiments administratifs. Et cette propriété du sol détermine bien plus que les marchés immobiliers.

Au Canada, certains des plus grands propriétaires fonciers sont les districts scolaires publics. Cela signifie que les choix que font les écoles pour créer et gérer leurs terrains impactent leur environnement urbain au large: elles peuvent soit encourager des villes plus vertes et plus saines, soit perpétuer des jungles d’asphalte. Plus important encore, les écoles peuvent influencer la mise en œuvre — ou non — de pratiques de résilience climatique basées sur les services écologiques, comme le rafraîchissement de leurs alentours et la gestion des eaux pluviales. Il existe déjà des projets utilisant les terrains scolaires pour des stratégies liées au climat, en particulier en Europe du Nord —  surprise?—  avec l’Allemagne et le Royaume-Uni comme pionniers et les pays scandinaves comme de forts promoteurs de cette approche.

Peu d’écoles canadiennes ont réalisé ce potentiel, mais une exception est l’école publique Irma Coulson. Ce centre accueillant plus de 1000 élèves enfants de la maternelle jusqu’à la 8e année, situé à Milton (Ontario), est devenu en 2022 la première « École prête pour le climat » du Canada. Ce jalon a été atteint grâce au partenariat entre le conseil scolaire du district de Halton et l’organisme sans but lucratif Evergreen, s’inspirant des expériences des cours d’école de Berlin. Ensemble, ils ont transformé, en un peu plus de deux ans, le terrain de l’école, fait surtout d’asphalte et de sol compacté, en un paysage vert, semblable à une éponge, capable d’absorber toute l’eau de pluie qui tombe sur le site. Pour offrir davantage d’ombre, la couverture végétale des arbres a été triplée, avec pour objectif de l’augmenter de 47 fois à terme. Ainsi, les 4,5 hectares de l’école Irma Coulson ont été convertis en un espace régénérateur qui sert de parc pour la communauté, aide à atténuer les risques d’inondation et modère les températures.

Au-delà de la résilience climatique, les cours d’école vertes aident les enfants à se concentrer et à adopter des comportements positifs, en leur offrant un accès quotidien direct à la nature. Cela constitue en soi un facteur important d’égalité sociale, car toutes les familles n’ont pas accès aux ressources — une maison de campagne, une voiture, ou simplement assez de temps libre — pour le permettre. Plusieurs initiatives canadiennes aident à répliquer des cours d’école vertes. Par exemple, le programme «Greening Canada’s School Grounds» de Tree Canada offre des subventions aux écoles jusqu’à 10 000 $; et la  Green Communities Guide  aide également les entités publiques à planifier des solutions fondées sur la nature, qui renforcent la résilience communautaire et réduisent les risques climatiques.