Revalorisation des stocks dormants face à la ‘fast fashion’

Ce n’est pas inconnu que l’industrie textile est l’une des plus polluantes.  La ‘fast fashion’, fournissant constamment de nouveaux styles à des prix très bas, nécessite d’énormes volumes de production aux impacts environnementaux également géants. En effet, la fabrication de vêtements requiert une gigantesque consommation d’eau, d’énergie, d’émissions de gaz à effet de serre, ainsi que des déchets tels que des rejets de microplastiques et de matières chimiques. Il faut aussi beaucoup d’eau, et de terre, pour faire pousser du coton et d’autres fibres. À cela s’ajoute la presque totale déconnexion qu’il y a d’habitude entre les lieux où elles sont cultivées et les lieux où sont portés les vêtements.

Et si cela ne suffisait pas, non seulement le processus productif des textiles pose des problèmes. La ‘fast fashion’ a entraîné également une forte augmentation de la quantité de vêtements jetés. Par exemple, depuis la dernière trentaine d’années, les habitants de l’Union européenne ont acheté un 40 % de vêtements en plus par personne, et chaque année, les Européens consomment environ 26 kilos de textiles et en jettent environ 11 kilos. Bien qu’il soit possible d’exporter des vêtements usagés hors de l’UE, la majorité d’entre eux (87 %) sont incinérés ou mis en décharge. Dans le monde entier, moins de 1 % des vêtements sont recyclés en tant que vêtements, seulement en partie à cause d’un manque de technologie adéquate disponible.

À l’enjeu des déchets textiles des consommateurs individuels s’ajoute, malheureusement, encore une autre couche : les stocks dormants. Sur son blog, Circulab donne un aperçu de ces stocks de vêtements, de tissus et d’autres matériaux textiles qui sont inutilisés et stockés dans des entrepôts, des usines, des magasins ou d’autres endroits. Ces stocks peuvent être liés à une surproduction, à des commandes annulées ou à des invendus. Ils entraînent une augmentation non négligeable de déchets textiles, souvent incinérés ou mis en décharge s’ils ne sont pas utilisés. Les réglementations – par exemple une récemment approuvée en France – peuvent influer la façon dont les entreprises gèrent ses stocks, rendant illégale la destruction des invendus et mettant davantage l’accent sur la prévention, la réutilisation et le recyclage. 

D’autres pistes de solution passeraient par promouvoir un virement culturel vers des pratiques de sobriété menant à la réduction du volume de vêtements achetés. Cela pourrait être conjuguée avec une production textile utilisant que des stocks dormants comme matière première. Feat.coop est un projet collectif intéressant en ce sens. S’appuyant sur l’écosystème textile de la région Auvergne Rhône-Alpes en France, sa mission est de revaloriser les stocks dormants textiles ainsi que les savoir-faire historiques du secteur. Il regroupe des industriels de la région, tisseurs, tricoteurs, fabricants de composants avec une vision commune pour des chaînes de valeurs locales, à faible empreinte environnementale et conservant les emplois et les savoirs du territoire. Chapeau!