Les soins et l’entretien sont l’objet de nombreuses discussions au cours des dernières années, et pour de bonnes raisons. Durant la pandémie, beaucoup ont réalisé l’importance des travailleurs essentiels, dont la majorité travaillent dans le secteur des soins. Même avant la pandémie, les soins et le temps personnel gagnaient en importance pour de nombreuses personnes. Et même si nous les qualifions le plus souvent de désagréments ou de « travaux », que dire des travaux de voirie, des rénovations de bâtiments et des nouvelles infrastructures sinon qu’ils constituent l’entretien des villes et leurs maisons ? Il n’est donc pas surprenant que le concept de soins comme moteur de la planification urbaine gagne de plus en plus de terrain.

Un département municipal de soins pourrait s’assurer que les ordures soient ramassées et les carrés d’arbres désherbées. Un département du soin pourrait payer des adolescents pour qu’ils s’occupent des espaces publics et par la même occasion améliorer leurs compétences de gestion. Un département du soins pourrait s’occuper des personnes âgées en cas de vague de chaleur et des habitants des appartements en sous-sol en cas d’inondation.

Une chose est sûre, c’est que « une fois que les gens l’ont vu, il est difficile de ne pas voir le besoin de soins ». Maintenant que nous en avons conscience, nous devons l’organiser et l’améliorer, prendre soin des personnes qui le garantissent, prendre soin des gens en général, et prendre soin de nos villes et nos maisons.

Comme c’est le cas pour de nombreux défis difficiles à relever aujourd’hui, il s’agit souvent d’une interconnexion de secteurs, d’un chevauchement où des ministères, des services et des départements éloignés ne peuvent pas traiter correctement des problèmes interdépendants. Quelque chose comme un « Département des soins coordonnerait les services entre les agences existantes, y compris la santé, l’assainissement et le transport, et ferait équipe avec les leaders communautaires. »

Plus tôt dans la chaîne, la conception doit également être considérée sous cet angle, pour inclure la réparation, et créer des produits et services qui tiennent compte de ces aspects essentiels.

Un texte souvent cité sur la relation entre l’architecture et la rénovation est l’essai de 2018 de Shannon Mattern intitulé « Maintenance and Care », qui se demande pourquoi les concepteurs de systèmes sont si attachés à l’innovation et la nouveauté alors que « ce que nous devons vraiment étudier, c’est la façon dont  nous allons remettre le monde en place » et comment prendre soin des personnes qui font ce travail. […]

Concevoir des soins durables pour les personnes et les villes implique de repenser les pratiques et les processus de l’intérieur, ainsi que de penser des interactions moins hiérarchiques avec les utilisateurs et les responsables de la maintenance.

Si nous pouvions remplacer le consumérisme, la culture du jetable et ce « besoin » insatiable de nouveauté par la réduction, la réparation, la rénovation et la maintenance, nous ferions un grand pas vers une économie plus respectueuse de nos ressources limitées et des personnes qui font un travail essentiel.

Photo: l’incorporation d’éléments tels que des bancs dans les espaces publics peut être une façon de penser à l’entretien dans la conception. Une autre façon est de considérer la manière dont l’espace sera entretenu – et les personnes qui s’en chargeront. Photographe : Marianne Purdie