Mesurer ce qui compte : Boîte à outils DIY

Puisque nous avons déjà mentionné les kits destinés à aider les citoyens à s’impliquer dans leur quartier, examinons un autre kit : Mesurer ce qui compte : Boîte à outils DIY.

Les parcs, bibliothèques, centres communautaires et sentiers peuvent mettre en relation des personnes de tous horizons, cultiver la confiance et contrer les tendances à la fragmentation économique et sociale – mais la poursuite des investissements et de l’attention portée à ces lieux publics repose sur notre capacité à mesurer cet impact.

Le kit est une collection de six documents PDF bien conçus et réfléchis, des guides pour aider les gens à organiser, enquêter, mesurer et analyser la manière dont les lieux publics sont utilisés et la valeur qu’ils apportent.

Il s’agit d’une initiative de Reimagining the Civic Commons qui vise à « contrer les tendances à l’augmentation de la ségrégation économique, de l’isolement social et de la méfiance, une collaboration de fondations nationales et de leaders civiques locaux sont en train de réimaginer les atouts civiques comme solution ». Les espaces publics sont trop souvent considérés surtout pour leurs frais d’entretien, pas assez pour les bénéfices qu’ils apportent aux populations locales, RCC veut que les communautés aident à concevoir ces lieux, et les considèrent comme un portefeuille d’actifs.

Pour y parvenir, elles se concentrent sur quatre types de résultats : l’engagement civique, la mixité socio-économique, la durabilité environnementale et la création de valeur. Le groupe mesure également son impact avec le kit ci-dessus, et « rassemble les praticiens, les décideurs politiques, les défenseurs et les résidents qui proposent de nouvelles façons de concevoir, de gérer et de mesurer les espaces publics » autour d’un réseau d’apprentissage, d’une communauté de pratique.

Il est également important que, aussi positifs que soient la mission et les outils du groupe, nous considérions qu’ils répondent à un intérêt croissant pour les données, où seul ce qui est mesuré est pris en compte. Voir par exemple cet excellent essai de Bryan Boyer ui se trouve également à mentionner Détroit, l’un des endroits où le RCC est impliqué. Les cartes sont une forme de mesure et de diffusion de données, et Boyer explore leur impact sur l’isolement et la perte de richesse correspondante pour les communautés noires.

Lorsque l’on regarde à travers la lentille d’une carte de planification des autoroutes fédérales, ce manque de richesse et de pouvoir ressemble à des « bidonvilles », ce qui signifie un vide à combler par la « rénovation urbaine » et une « opportunité » de localiser une autoroute. […]

Ce serait bien d’avoir une grande conspiration ou un mauvais acteur singulier à blâmer pour cette histoire, mais au lieu de cela, nous avons des préjugés racistes systémiques convertis en externalités qui n’ont pas besoin d’être prises en compte, ces préjugés inscrits sur des cartes, des cartes utilisées pour informer la politique, et des décisions politiques finalement gravées dans la terre par des bulldozers.

Un phénomène également présent dans les données sur la santé, comme le détaille Jesse Hirsh dans ce numéro d’infolettre.

Le mythe de la diffusion des données est qu’elle permet de rechercher la vérité. Or, le paradoxe est que la vérité n’est jamais obtenue. Il en résulte plutôt un désir de disposer de plus de données, en croyant qu’avec plus de données, la vérité peut être saisie. Toujours à portée de main mais jamais obtenue, une boucle de potentiel sans fin, qui justifie de plus grandes données et une itération perpétuelle du système pour le bien du système.

Pour être clair, le travail de Réimaginer le Civic Commons est vital, mais nous devons nous rappeler le contexte de la mesure et ce qu’elle représente plus largement.